
Comme un mauvais rêve qui se répète. Après l’élimination des Lions par les Éléphants lors de la CAN 2024 en Côte d’Ivoire, le Sénégal a de nouveau vu son aventure s’achever face aux Ivoiriens, cette fois chez les U17. Ce vendredi à Casablanca, les Lionceaux ont été sortis en quart de finale de la CAN U17 par la Côte d’Ivoire aux tirs au but (0-0, 5-3 tab). Un scénario douloureusement similaire, symbole d’un mal plus profond.
Une bataille tactique et physique
Avant le match, le sélectionneur Pape Ibrahima Faye avait clairement identifié le défi : répondre à l’impact physique ivoirien. Dans son onze de départ, il a effectué deux choix forts en se passant d’El Hadji Ibrahima Sow et d’Abdourahmane Mbodji, pour titulariser Maurice Biaye et El Hadji Baytir Fall, plus costauds dans les duels.
Le pari semblait payant. Les deux équipes se sont livrées une première période intense, avec un engagement total et très peu d’espaces laissés. Le Sénégal, solide au milieu, a tenu tête, sans pour autant se montrer tranchant dans les derniers mètres. Les chiffres sont éloquents : seulement deux tirs cadrés pour les Lionceaux, un seul pour les Eléphanteaux.
Le tournant : l’expulsion d’Obli
En deuxième période, le match va basculer à la 89e minute. Sur un pied haut, le défenseur ivoirien Obli met KO Étienne Mendy. L’arbitre n’hésite pas : carton rouge. Réduite à dix, la Côte d’Ivoire recule, subit, mais tient bon. Même l’ultime occasion d’El Hadji Ibrahima Sow dans les arrêts de jeu, repoussée in extremis sur la ligne par un défenseur, n’y changera rien.
Des tirs au but, encore fatals
Pas de prolongation dans cette CAN U17 : direction les tirs au but. Et comme chez les A en février 2024, la Côte d’Ivoire s’est montrée impitoyable. Cinq frappes, cinq buts. En face, Ousseynou Ndiaye a vu sa tentative heurter le poteau. Un clin d’œil douloureux à la tentative ratée de Moussa Niakhaté à Yamoussoukro.
Le plus frustrant dans cette élimination reste sans doute le paradoxe. Le Sénégal quitte la compétition sans avoir encaissé le moindre but. Défensivement, les Lionceaux ont été impeccables, portés par une assise solide et une vraie rigueur tactique. Mais offensivement, le mal est profond. Trop d’imprécisions, trop peu de variété, et surtout, une inefficacité criante dans la zone de vérité.
La question devient inévitable : pourquoi les sélections sénégalaises, toutes catégories confondues, peinent-elles tant à concrétiser ? Ce manque de justesse dans le dernier geste semble être une constante. Et elle interpelle la Direction Technique Nationale (DTN).
Alors que le Sénégal est désormais respecté pour la qualité de sa formation, ses titres africains récents, et ses jeunes talents qui affluent vers l’Europe, l’absence de « tueurs » devant le but devient un sujet structurel.
Un chantier à ouvrir
L’élimination face à la Côte d’Ivoire laissera un goût amer. Mais elle doit aussi servir de leçon. Car si l’on veut pérenniser les succès du football sénégalais, il faudra résoudre l’équation offensive. Former des buteurs, travailler les automatismes offensifs dès les plus jeunes catégories, et surtout, développer une culture de l’efficacité. Les Lionceaux sortent de cette CAN U17 la tête haute. Mais avec un chantier immense à ouvrir.
El Hadji Malick SARR
