
De la pelouse au banc, Lamine Sané trace son nouveau chemin avec la même détermination. Ancien pilier des Lions de la Téranga passé par Bordeaux ou encore le Werder Brême, l’ex-défenseur international sénégalais se forge aujourd’hui une carrière sur les bancs de touche. Titulaire du diplôme UEFA A, Sané a débuté sa reconversion à Lormont, son club formateur, avant de poursuivre avec la réserve du FC Libourne. Aujourd’hui adjoint à Bourges Foot 18, au cœur du projet ambitieux porté par Sadio Mané, il continue d’apprendre, de transmettre et de rêver. Dans cet entretien exclusif, il se livre sans filtre sur ses débuts, ses ambitions, son passage remarqué chez les U17 du Sénégal… et pourquoi, peut-être un jour, il se voit sur le banc des Lions.

Lamine, tu es passé de joueur à coach. Comment s’est faite cette transition ? Tu t’es senti naturellement attiré par le banc ou c’est venu avec le temps ?
Naturellement… oui et non. À la fin de ma carrière, je ne pensais pas du tout devenir entraîneur. Mais petit à petit, j’ai pris goût à la transmission, à la communication avec mes coéquipiers. Je le faisais déjà un peu naturellement, surtout avec le rôle de capitaine que j’avais. Certains coachs me l’ont même souvent fait remarquer. C’est venu comme ça, progressivement.
Tu as débuté avec Lormont en Régional 1, puis tu as pris les rênes de la réserve du FC Libourne en R2. Qu’est-ce que tu retiens de ces premières expériences comme coach principal ?
J’ai commencé avec Lormont, mon club formateur, en R1. Très peu d’anciens pros auraient fait ce choix. On m’a d’ailleurs déconseillé de le faire, mais j’ai voulu redonner à ce club ce qu’il m’a apporté. J’y ai appris les bases, dans des conditions parfois difficiles, mais ça m’a aidé à m’adapter. Et surtout, j’ai compris que coach et joueur, ce sont deux mondes complètement différents.
Depuis décembre, tu es adjoint au Bourges Foot 18. Comment s’est faite la connexion avec le club et le projet porté par Sadio Mané ?
Je suis arrivé juste avant le dernier match de la phase aller. La connexion s’est faite après ma campagne avec les U17, juste après notre victoire au tournoi WAFU A. Bakary, un proche de Sadio Mané que je connais bien depuis la sélection, m’a contacté pour me parler du projet. J’ai tout de suite été séduit. On m’a associé au coach principal, Romain Revelli, avec qui j’ai la chance d’apprendre énormément.
Qu’est-ce qui t’a séduit dans cette aventure en National 2 ?
C’est un club qui veut avancer, se professionnaliser, avec de très belles installations. Mais surtout, il y a une vraie qualité dans le groupe. C’est ce mélange qui m’a convaincu.
Le Sénégal, c’est un peuple magnifique. Le pays m’a tout donné
Sportivement, Bourges est 6e du groupe B. Comment tu juges la dynamique actuelle de l’équipe ? Quels sont les objectifs d’ici la fin de saison ?
On est 6e, mais au match précédent on était 3e. C’est un championnat très serré. Il faut se rappeler qu’on a repris une équipe en manque de confiance, avec seulement trois points d’avance sur le premier relégable à notre arrivée.
Les joueurs nous ont fait confiance, ils ont adhéré à notre méthode, ils bossent dur. La dynamique est bonne, le groupe vit bien. On a perdu contre le leader à l’extérieur, mais on continue de travailler. Je suis persuadé que ce groupe peut aller loin.
Tu as fait partie du staff qui a qualifié les U17 pour la CAN 2025. Comment as-tu vécu cette première expérience avec une sélection nationale ?
Franchement, c’était une expérience magnifique. Je ne l’oublierai jamais. Le coach m’a tout de suite donné sa confiance, carte blanche pour intervenir auprès des jeunes. Et au fur et à mesure, ils se sont ouverts, ils sont venus chercher des conseils. Ils ont appliqué ce qu’on travaillait ensemble. C’était fort.
Ces Lionceaux se sont arrêtés en quart de finale. Quel bilan tu tires de ce parcours ?
Oui, malheureusement contre la Côte d’Ivoire… On n’y arrive jamais contre eux (sourire). Les tirs au but, c’est toujours une loterie. Mais je suis fier des joueurs. Quand tu es attendu, ce n’est jamais évident.
On s’est créé beaucoup d’occasions, on a juste manqué de réalisme. Mais ça montre qu’il y a de la matière. Il faut continuer à bosser et revenir plus fort.

Aujourd’hui, on voit beaucoup d’anciens internationaux (Demba Ba, Cheikh Mbengue, Diomansy Kamara…) revenir dans les projets du foot sénégalais. Toi aussi, tu es de cette nouvelle vague. C’est important pour toi de redonner au pays ce qu’il t’a apporté ?
Évidemment. Le Sénégal, c’est un peuple magnifique. Le pays m’a tout donné. C’était normal pour moi de rendre la pareille, comme je l’ai fait avec mon club formateur. Je le fais avec le cœur.
Quel regard tu portes sur l’équipe nationale actuelle ? Tu as été surpris par la nomination de Pape Thiaw à la tête des Lions ?
Je suis, et je resterai toujours, le premier supporter des Lions. L’équipe est en reconstruction, avec beaucoup de jeunes. Les attentes sont élevées, car on a mis la barre très haut ces dernières années.
Pour Pape Thiaw, non, je n’ai pas été surpris. Il a eu sa chance et il l’a saisie. C’est normal qu’il soit à ce poste aujourd’hui, il a prouvé sa valeur.
Tu penses qu’il incarne ce renouveau attendu après la période Aliou Cissé ?
Je ne parlerais pas de « renouveau ». Il incarne surtout sa propre méthode, sa propre vision. Il faut lui laisser du temps, et surtout éviter les comparaisons. Chaque coach a sa patte.

Et soyons francs… Est-ce que dans un coin de ta tête, tu rêves un jour d’être sélectionneur du Sénégal ?
(Rires) Je suis très franc ! Pour l’instant, je veux transmettre, apprendre, gagner en expérience. Je ne veux pas brûler les étapes. Mais pourquoi pas, un jour… Inch’Allah !
Tu es à un moment de ta carrière où beaucoup de portes peuvent s’ouvrir. Tu te vois où dans 5 ans ?
Je l’espère sur un banc d’une équipe professionnelle, avec de vraies ambitions. Mais ça passera par le travail, les résultats, et les efforts au quotidien. Inch’Allah !
Entretien réalisé par El Hadji Malick SARR
